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Une bonne gestion des chantiers d’irrigation

Fabien VERMOT-DESROCHES - Responsable Recherche et Développement
Agriculture connectée

La gestion de l’eau d’irrigation est un point clé qui permet notamment de piloter avec efficience la ressource en eau. Cette bonne gestion répond à une logique de coût et d’organisation du travail.

Réduction des quotas d’irrigation, besoin de sécurisation face au changement climatique, nouvelles attentes sociétales, nouveaux cahiers des charges de production, relations de voisinage, sécurité routière, respect des sols, réduction des consommations énergétique, organisation du travail… La gestion des chantiers d’irrigation mérite aujourd’hui un pilotage de plus en plus précis avec une vision large de toutes les implications possibles. Si bien que « la charge mentale » et le stress peuvent devenir importants au cours de ces chantiers de même que l’astreinte liée à la surveillance et au suivi par les équipes.

Dans ce contexte, les nouvelles technologies peuvent offrir des solutions de surveillance et de pilotage qui doivent pouvoir permettre d’atteindre des objectifs de bonne gestion et de gagner en tranquillité. C’est particulièrement le cas des techniques de télégestion et de télésurveillance. Avec ces technologies, l’opérateur peut désormais contrôler le bon état de fonctionnement et intervenir à distance sans devoir attendre que le matériel ait fini son tour d’irrigation. Après un temps d’adaptation pour prendre confiance dans le dispositif, l’agriculteur gagne ainsi en sérénité et limite ses déplacements. Il peut également améliorer ses pratiques pour économiser la ressource ainsi que l’énergie et le matériel et gagner en rentabilité globale.   

Rentabilité de l’irrigation

La rentabilité de l’irrigation en général a été étudiée et n’est plus à démontrer dans de nombreux types de climats et pour différents types de cultures, notamment en grandes cultures, cultures spécialisées, cultures industrielles, maraîchage, vigne... La sous-irrigation peut être une cause de perte de rentabilité par manque à gagner. La sur-irrigation n’est pas moins pénalisante avec des dépenses inutiles d’énergie de pompage, d’usure du matériel et des excès d’apports qui peuvent dégrader les sols et créer des retards de croissance, voire des pertes de rendements. Une bonne gestion de l’irrigation doit ainsi permettre d’optimiser les ressources allouées pour viser des rendements optimums, des consommations ajustées et une organisation du travail avisée. 

La mise en place de systèmes de télégestion et de télésurveillance (type Raindancer) de l’irrigation est un moyen qui permet d’y arriver. Le coût est variable selon les dispositifs choisis et comporte une partie liée à l’achat du matériel et une partie d’abonnement au réseau téléphonique. Ces coûts méritent d’être mis en perspective par rapport aux gains réalisés par ailleurs. La surveillance à distance fait que les déplacements sont réservés aux interventions nécessaires. Le temps d’astreinte gagné peut être affecté à d’autres tâches à plus forte valeur ajoutée. Les systèmes d’alerte (en cas de pression anormale) permettent d’intervenir plus rapidement et de façon plus efficace en évitant des gaspillages et en réduisant le coût des pannes. Des actes de vandalismes ou de malveillance peuvent aussi être réduits ou mieux gérés. Un dispositif de type accéléromètre assure le suivi des accidents de retournement ou autre. La géolocalisation permet de suivre l’avancement de ses matériels dans les parcelles.  

Economie en intrants

Des économies d’eau et d’énergie peuvent être générées par ces types de systèmes. La buttée programmable limite ainsi les dérives sur les routes et les parcelles voisines. Par ailleurs, il est possible d’arrêter à distance les apports en cas de pluie par exemple. Pour ce faire, il est intéressant de suivre ses parcelles avec des stations météorologiques connectées sachant qu’en période estivale, la pluviométrie peut être inégalement répartie sur le territoire (orages). 

La mise en place de sondes tensiométriques, ou capacitives connectées ou non, peut aussi permettre de moduler à distance l’apport en fonction du besoin réellement constaté dans le sol. C’est particulièrement utile dans le cas de parcelles éclatées ou éloignées et en présence de sols hétérogènes. La télégestion ouvre aussi la voie à la modulation automatisée de l’irrigation en fonction de la nature du sol. 

En matière d’irrigation, une autre bonne pratique de gestion préventive est de prendre soin de la microbiologie de ses sols. En effet, une plante qui bénéficie d’un sol actif sur le plan de la microbiologie peut plus facilement s’appuyer sur ces « auxiliaires du sol », et notamment les champignons, pour explorer des réservoirs d’eau éloignés des racines. Les programmes fongicides et la gestion des résidus méritent donc d’être adaptés en ce sens lorsque c’est possible. De même, un sol qui fonctionne bien permet un enracinement profond des racines et un meilleur volume d’exploration de la ressource en eau.