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Bien concevoir son aire complète de lavage/remplissage
L’aire de remplissage et de nettoyage phytosanitaire doit répondre à l’obligation réglementaire de protection de l’environnement. Elle doit aussi être fonctionnelle. Décryptage.
C’est un fait. Le pulvérisateur reste le matériel le plus fréquemment utilisé sur une exploitation agricole en grandes cultures, viticulture, arboriculture ou même en maraîchage. Parmi les différentes étapes de ces chantiers, celles liées au remplissage et au rinçage peuvent avoir un impact environnemental conséquent.
La bonne conception d’une aire de rinçage et de remplissage est donc un point clé pour limiter cet impact tout en répondant aux contraintes propres de l’applicateur.
Emplacement et conception
L’aire de remplissage et de nettoyage n’est pas une obligation légale en soi. Toutefois, c’est une solution souvent mise en œuvre pour répondre aux obligations de résultats visant à la protection de la ressource en eau (arrêté du 4 mai 2017, modifiant l’arrêté du 12 septembre 2006).
L’aire sera idéalement éloignée des lieux de passage et de circulation des personnes. La proximité directe avec le local phytosanitaire est également idéale pour limiter l’astreinte de manutention et certains risques. Un dispositif anti-refoulement réglementaire doit être prévu pour le remplissage (colonne de remplissage ou potence double anti-refoulement et anti-débordement, cuve intermédiaire avec flotteur de niveau automatique etc..). Il faudra prévoir une bonne gestion des flux de liquides vers leurs circuits de retraitement respectifs, ou bien même selon les différents usages de l’aire (nettoyage matériel de traitement, matériel de travail des sols, machines à vendanger). Une aire couverte, permet de ne pas avoir à gérer la séparation des eaux pluviales.
Pour prévoir l’emprise au sol nécessaire de l’aire, il est d’usage de prendre la dimension (longueur et largeur) des plus gros matériels de l’exploitation pouvant y être nettoyés et d’ajouter un dégagement 1,5 m sur le pourtour pour pouvoir intervenir et circuler. Il est bon d’anticiper l’évolution de la taille des matériels agricoles. Selon sa conception et les arrêtés préfectoraux en vigueur, la construction d'une aire peut ou pas nécessiter la demande d’un permis de construire. Les aires collectives doivent (sauf cas d’exonération) faire l’objet d’une déclaration, voire d’une autorisation ICPE (Installation classée pour la protection de l'environnement) rubrique 2795.
Eau, air, électricité…
Cet espace mérite d’être très bien éclairé pour pouvoir travailler confortablement de nuit d’autant plus que la réglementation pousse de plus en plus à des traitements nocturnes. Il est utile également d’installer un groupe de nettoyage haute pression à poste fixe qui sera rangé dans un local hors gel à l’abri des vols. Ces équipements nécessitent d’installer un petit « support technique » qui donnera accès aux interrupteurs et aux branchements dédiés et qui protégera le matériel (pompes etc…). Ce support est alimenté en électricité, eau du réseau, air comprimé, eau haute pression, par une goulotte technique idéalement enterrée qui comportera également des gaines vides en prévision de l’évolution de l’installation.
En complément, prévoir éventuellement une table de préparation pour le dosage et la préparation des bouillies. Un support d’égouttage pour les bidons vides (relié par une gouttière vers le système de traitement des effluents) peut aussi être prévu ainsi qu’un support pour les sacs de collecte.
Aire bétonnée Pour limiter les risques de diffusion dans l’environnement et permettre le nettoyage, l’aire est très souvent bétonnée. Une pente douce (1 à 3 %) est aménagée pour assurer un ruissellement vers des circuits de collecte. Sa résistance doit être prévue pour recevoir les charges les plus lourdes (13 tonnes/essieu). La plateforme doit en effet permettre de recueillir les débris (bac déterreur, bac débourbeur ou bac décanteur, système de dégrillage). Ce bac doit être calibré en fonction des besoins qui sont accrus si l’aire sert au nettoyage de tous les matériels. En sortie de bac débourbeur, un séparateur d’hydrocarbures doit permettre d’éviter les rejets au-dessus des 10 mg/l voire 5 mg/litre (selon arrêtés préfectoraux).
Traitement des effluents
Les effluents phytosanitaires collectés sont ensuite stockés dans une cuve ou acheminés directement dans les solutions de traitement prévues sur l'espace et reconnues efficaces par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire. La réglementation stipule que l’installation de stockage ou de traitement des effluents doit se faire « à une distance d’au moins 10 m des limites de propriété des tiers pour le stockage à l’air libre ou sous auvent, ou 5 mètres des limites de propriété des tiers pour les stockages en local fermé. Elle doit être étanche et réalisée à au moins 50 m des points de captage d’eau et des sources, des cours d’eau, et du réseau de collecte des eaux pluviales sauf s’il existe un bac de rétention des éventuels débordements ou fuites, de capacité au moins égale à celle de l’installation de stockage ».