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Comment avoir une bonne gestion des effluents phytosanitaires ?

Fabien VERMOT-DESROCHES - Responsable Recherche et Développement
Aménagement de l'exploitation

La gestion et le traitement des effluents phytosanitaires font partie des bonnes pratiques environnementales. Elles s’inscrivent dans une démarche globale qui démarre par la préparation du chantier de traitement.

Adopter une bonne gestion des effluents phytosanitaires. 

La gestion et le traitement des effluents phytosanitaires font partie des bonnes pratiques environnementales. Elles s’inscrivent dans une démarche globale qui démarre par la préparation du chantier de traitement, le bon réglage du pulvérisateur, en passant par la création d’aires de préparation / lavage permettant la collecte des effluents phytosanitaires.

La première possibilité pour éliminer et traiter ses effluents de traitements phytosanitaires (vidange et rinçage) est de les gérer directement au champ. Ce mode de gestion est prévu et encadré dans la réglementation sur les effluents phytosanitaires (article 7 de l’arrêté du 4 mai 2017). 

Pour la vidange du fond de cuve, celle-ci est autorisée à partir du moment où la concentration du fond de cuve est divisé par 100. Pour ce faire il faut incorporer un volume d’eau claire supérieur ou égal à 5 fois le volume de fond de cuve, en veillant à ne pas dépasser la dose homologuée. Pour obtenir cette dilution un rinçage fractionné est recommandé. Ce fond de cuve au 1/100ème (ou concentration inférieure) peut sous certaines conditions être vidangé sur la parcelle jusqu’au désamorçage final de la pompe. Il peut aussi servir à la préparation d’une autre bouillie en faisant attention au risque possible de phytotoxicité. Les pulvérisateurs récents offrent généralement des solutions pour gérer automatiquement les rinçages internes de cuve et la gestion des fonds de cuve. Arvalis Institut du végétal propose également un outil en ligne dédié au calcul des volumes de rinçage http://oad.arvalis-infos.fr/fondcuve/. Notons que la bonne préparation des chantiers et la bonne maîtrise du matériel doit aussi permettre de réduire les volumes de fond de cuve. La contrainte liée à la gestion de ces fonds de cuve est alors optimisée de même que son impact sur l’environnement.

La réglementation autorise également d’effectuer le rinçage extérieur du pulvérisateur directement au champ, mais une fois seulement par an sur une même surface et ceci « à plus de 50 mètres des points d'eau, caniveaux et bouches d'égout, à plus de 100 mètres des lieux de baignades, piscicultures et points de prélèvement d'eau pour la consommation humaine ou animale ». 

 Gestion à la ferme

Gain de temps, meilleure gestion des incidents, meilleure prévention des pollutions, limitation des descentes de tracteur… Pour un respect optimal des sols, de l’environnement, et une bonne organisation du travail, il est souvent indispensable de traiter (en complément de la vidange au champ) les effluents phytosanitaires, directement à la ferme, et ce en installant une aire de rinçage et de remplissage bien conçue. Une vingtaine de dispositifs sont agréés (avis du 30 août 2018 sur les procédés de traitement des effluents phytosanitaires reconnus efficaces). 

Le traitement doit se faire à distance réglementaire des tiers et des points d’eau. Dans tous les cas, un registre de stockage et de traitement doit être tenu (nature de l’effluent, nom du produit…).  Il est également possible de déléguer le retraitement à un prestataire agréé.  

Chaque exploitation a ses spécificités et réalise ses propres choix pour la vidange ou le rinçage etc. Par ailleurs les effluents phytosanitaires issus de la viticulture n’ont pas le même profil ni la même saisonnalité qu’en grandes cultures, arboriculture, céréales ou légumes. Les exploitations de fruits et légumes peuvent avoir à gérer aussi des effluents phytosanitaires de post-récolte. C’est pourquoi, chaque agriculteur doit réfléchir à un système de traitement à la fois réglementairement adapté à ses usages, mais qui soit également calibré et adapté à ses besoins.

Une règle générale est de tenter de limiter les volumes entrant dans le système de traitement. En effet, « plus le volume d'effluents générés sera grand, plus le coût de leur épuration sera élevé, comme le souligne la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne. Les produits détergents, appliqués quelques minutes avant le rinçage du pulvérisateur, peuvent contribuer à réduire ce volume. De même, le nettoyage du matériel doit être réalisé immédiatement après utilisation ». 

 Microbiologie

Les solutions agréées pour la gestion des produits phytosanitaires font intervenir des mécanismes différents de nature physiques, chimiques ou biologiques. 

Les micro-organismes notamment sont reconnus pour leur pouvoir épurateur sur les produits phytosanitaires. C’est sur ce principe que fonctionne la solution agréée Phytobac. Pour sa mise en œuvre, un bac couvert dimensionné aux besoins de l’exploitation doit être mis en place et recouvert d’une bâche étanche. Il est ensuite rempli d’un mélange de terre végétale et de paille. Les effluents liquides sont ensuite dispersés sur ce « réacteur » microbiologique. Cette solution est souvent choisie pour sa simplicité et sa polyvalence puisqu’elle est agréée dans tous les systèmes et sa taille peut être adaptée aux grandes comme aux petites exploitations.

 Physique 

Le traitement physique par évaporation des effluents phytosanitaires est une autre solution possible. Le système agréé PHYTOSEC, par exemple, se présente comme un module de déshydratation forcé des effluents chargés en produits phytopharmaceutiques et molécules chimiques. Il fonctionne par surpression. Un groupe d'aspiration vient aspirer l'air réchauffé dans le caisson et le réintroduit dans le système. En fin de cycle, le produit déshydraté est récupéré dans la sache par le système de collecte agréé (Adivalor). Ce dispositif présente l’avantage d’être déplaçable. Il a une capacité variable en fonction des climats (capacité de traitement annuel de 1 100 l (départements situés au nord de la Loire) à 1600 l (départements situés au sud de la Loire). Cette solution est également agréée pour tous les systèmes de culture (arboriculture, grandes cultures, viticulture…). 

 Physico-chimiques

Disponible en viticulture, grandes cultures et arboriculture, le système mixte chimique-physique BFbulles® fonctionne par ultrafiltration sur charbon actif, après coagulation et épaississement des effluents. Il est capable de traiter de 9 à 15 m3 par jour. Facilement déplaçable, c’est une solution bien adaptée aux plates-formes collectives, aux entrepreneurs de travaux agricoles (ETA) ou aux grosses exploitations.